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Robert Bacaud 1963 - 2008

L’excellent document historique écrit par Pierre Gallezot, retraçant la naissance puis l’adolescence de l’IRC, a réveillé en moi de vieux démons que je croyais effacés depuis quelques décennies. Lorsque, tout fraîchement nanti de mon diplôme de technicien chimiste, j’intégrai l’IRC le jour même de mes dix-huit ans, je perçus instantanément que deux classes de personnels coexistaient dans le labo. Il y avait nous, les techniciens, chargés de faire tourner les belles machines, et puis les chercheurs et thésards, chacun en charge de son petit montage ou de sa rampe en verre, et s’évertuant à en faire sortir des résultats. Et l’entourage du service d’analyses dans lequel j’évoluais se chargea de m’instruire sur les différences de classe et les obstacles à la communication qui en découlaient.
Le recrutement des chercheurs ainsi que son contexte ont été excellemment décrits par Pierre, aussi me permettrai-je d’apporter en complément la vision du technicien de base. Deux écoles concurrentes formaient, à cette époque, des techniciens chimistes à Lyon : la Martinière et Lasalle. Leur rivalité tenait simplement au statut de chacune, l’une étant publique, l’autre privée et confessionnelle ; mais la qualité de l’enseignement qui y était dispensé se situait au même niveau d’excellence. Durant les trois années de formation (2nd, 1ère, terminale), nous passions une bonne quinzaine d’heures hebdomadaires dans les labos, en contact presque physique avec les produits, et apprenant à les apprivoiser. A l’issue d’un tel cursus, nous avions acquis la maîtrise des notions d’exactitude, d’incertitude des mesures et une grande rigueur dans la manipulation. Les jeunes générations auront quelque difficulté à croire qu’en cette époque préhistorique, nos professeurs nous exposaient l’éventail des offres d’emploi qui nous était présentées, soulignant qu’il y en aurait pour tout le monde et que nous pouvions choisir selon nos préférences entre l’industrie chimique, pharmaceutique, le secteur public ou privé, mieux rémunéré. L’IRC, alors en pleine phase d’expansion, offrait de nombreux postes. C’est ainsi que je rejoignis à l’IRC la troupe des techniciens formés dans nos deux écoles lyonnaises.
Parmi ceux qui croisèrent mon chemin, je citerai de mémoire : Michel Galley, Robert Mutin, Mignard, Petiaud, Geneviève Lhuillier, Robert Bardet, Georges Peyron, William Desquesnes, Jean Billy. Certains, à l’issue de l’école, prirent une autre voie comme Denise Barthomeuf, Michel Primet ou Jean Pierre Candy, mais conservèrent la marque indélébile de leur formation technique. Que les oubliés me pardonnent !
Entre la caste des chercheurs et la nôtre, ce n’étaient pas seulement les différences statutaires qui créaient un fossé, le vocabulaire aussi prenait sa part. Alors que les catégories des personnels techniques se déclinaient en dénominations absconses comme 5B, 2B ou 2A, la terminologie propre aux chercheurs mettait clairement leurs galons en valeur ; le simple Attaché songeait à son Ambassade tout en rêvant de devenir Maître. Et ces titres imposaient le respect aux petits techniciens.
Mais la revanche guettait au détour des paillasses : lorsque l’ignorance du thésard ou son manque de familiarité avec la pratique instrumentale devenaient criantes, le technicien pouvait toiser le chercheur et se faire prier pour venir à son secours. Heureusement, les instruments de mesure dont nous disposions contribuaient à une rapide prise de conscience des réalités physiques et possédaient de puissantes qualités didactiques qui rendaient rapidement habile le plus novice des thésards. Lorsqu’il fallait accrocher une nacelle à l’extrémité du ressort de la balance Mc Bain, on faisait vite la différence entre une masse d’un gramme ou d’un milligramme ; de même que le chercheur, visant avec son cathétomètre le niveau de mercure dans un tube en U, comprenait le sens physique des unités de pression.
Au sommet de la hiérarchie trônait le Professeur Prettre. Héritier de la tradition mandarine du 19ème siècle, seul maître à bord avec Dieu son pair, il contemplait son vaisseau du haut du dernier étage. S’il était, à juste titre, redouté des thésards, on imagine ce qu’il représentait pour le personnel technique. En réalité, la distance qui nous séparait de lui était telle que nous lui étions totalement indifférents. Les techniciens nouvellement embauchés rejoignaient le poste auquel ils étaient affectés, avec la même discrétion que le matériel. Dieu n’avait cure du processus de leur recrutement et ne se serait pas abaissé à les saluer lors de leur entrée en fonction. Il adorait cependant se mêler au peuple lors des célébrations festives, fréquentes et bien arrosées. Il s’affichait alors paternel, souriant, sans toutefois se laisser aller à une quelconque familiarité.
Les directeurs successifs qui occupèrent, après Marcel Prettre, le bureau de Dieu au dernier étage se rapprochèrent des humains et perdirent définitivement leur caractère sacré.
Quand j’entrepris la longue marche qui devait me conduire au diplôme d’ingénieur CNAM, je pris conscience du caractère privilégié de l’environnement dans lequel j’évoluais. Me consacrer au projet de recherche, nécessaire pour l’obtention du titre, ne posa pas de difficultés. Je pus bénéficier d’un encadrement scientifique à l’égal des thésards et conduire mon projet. Il m’apparut peu à peu que ce fossé, supposé dissocier techniciens et chercheurs, n’était qu’une petite rigole, et que rien n’interdisait de s’emparer des prérogatives des chercheurs.
S’agissait-il d’avoir des idées et les mettre à exécution : aucun obstacle ne bridait ma liberté.
Ou bien d’orienter les thésards : ils en étaient les premiers enchantés.
Et quand les résultats se faisaient conséquents, il suffisait de prendre la plume pour les publier ou les présenter dans un congrès.
Et, parvenu au terme d’une carrière de technicien, je rends grâce à la liberté qui m’a été octroyée par l’environnement exceptionnel de l’IRC et qui m’a permis de m’affranchir des barrières séparant le monde dont j’étais issu et l’élite de la recherche.

Barbecue 3 juillet 2019 - 2019

Quelques photos du barbecue du 3 juillet

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vincent martin 1995 - 2001

Bonjour

J’ai suis passé à l’IRC de 1995 à 2001 grave à Jean-Claude Volta. Je remercie toutes les personnalités que j’ai connu dans cet établissement. Pour moi, cela été source d’épanouissement avec un apprentissage du monde de la science incroyable ! Un organisme qui (à l’époque) a 21 nationalités, des appareils extraordinaire pour l’étudiant dont j’étais alors !! Un cadeau pour un rêve d’enfant. Merci à l’équipe OXYDES – avec un grand merci à M. Roullet et pleins d’autres – avec qui j’ai fait mes armes dans le monde de l’instrumentation et de l’analyse. Au-delà de la science, j’en retiens, les rencontres, les éclats de rire, les Galatec avec les « changement de ligne et de couloir » pour le sprinteur arborant la casquette de « Demeco – à fond la forme » (dans une période intense de déménagement), des madames Sarfati de l’équipe OXYDES, de la performance théâtrales de J. Védrine et M. Abon dans un sketch à propos de la confidentialité des papiers et des exigences des weekly reports, les concours de chamallows dans le bureau des Nathalie-s, les tournois sportifs, etc… Plein de beaux moments, plein d’apprentissages et de découvertes dans une belle dynamique ; La vie.
Amicalement,
Vincent Martin

Voici quelques photographies de cette période pour les personnes imagées et les archives de l’IRC ; https://photos.app.goo.gl/beLPw3VXdMxx5z3s5

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Elodie Devers 1999 - 2003

Joyeux 60 ans!
Les années IRCELyon, IRC encore entre 1999 et 2003 restent inoubliables. Ce sont les années de DEA et de thèse que j'ai passées dans un groupe exceptionnel, CPS, Catalyse par les Sulfures. L'atmosphère qui régnait dans ce groupe était cosmopolite, humaine et bienveillante. Ces années ont conduit à une formation qui m'a permis de commencer ma carrière sereinement mais aussi à de belles rencontres, des amitiés qui tiennent encore aujourd'hui.
L'IRC c'était aussi l'ouverture vers les autres labo du campus, l'ATEC l'association des Thésards et Etudiants en Catalyse, avec bien sur le Galatec. Des années très riches et fondatrices!

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Broyer Jean Pierre 1975 - 1988

Arrivé à l’IRC en février 1975 dans le groupe de Catalyse Homogène, j’en suis reparti en septembre 1988 pour le Laboratoire des Matériaux Organiques suite à un concours. Je suis parti à la retraite en septembre 2013. Le CNRS et l’IRC on été un formidable cocon ou j’ai pu apprendre et apprécier la recherche. J’ai une pensée émue pour Henri Mozzanega qui fut mon premier mentor à l’institut et pour Jean-Claude Volta (trop tôt disparu) mon dernier patron et ami dans l’équipe des oxydes. La gentillesse et la convivialité des équipes des services rendait la vie agréable et j’allais au boulot avec bonheur. Les activités associatives du CLAS, sport, culture, randonnées, ski, ont aussi participé à mon épanouissement. Je garde en mémoire les gens que j’ai croisés, ITA, chercheurs, étudiants de tous pays.

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